Évoluer en tant que femme, qu’être sexualisé, induit une relation très intime à la chair. De ce rapport au corps Cassandre a développé un intérêt pour l’histoire de la médecine, et plus particulièrement la place que le corps féminin y occupe. En parallèle de cet apprentissage, elle a eu la chance de passer de longs moments au contact du monde sauvage. Ces escapades furent le fondement de ses questionnements sur la relation entre l’être humain et la nature.
À travers Échantillon tellurique, elle tente de créer une relation visuelle entre l’organisme humain et la croûte terrestre. L’analogie presque obsessionnelle qu’elle souhaite créer entre la chair et les motifs naturels vient d’une profonde envie d’extraire le corps féminin du carcan sociétal dans lequel il évolue. Les méandres des fleuves, les crevasses des déserts, les reliefs en tous genres se révèlent parler le même langage graphique que les varices, veines et craquelures de la peau humaine. La peau se pare de striures, de rougeurs et laisse parfois échapper son nectar vermeil qui coagule aussitôt en rencontrant l’air. Le magma devenu lave, se fige, emprisonne de minuscules caillots qui cristallisent une part d’éternité. L’organisme se révèle au monde et divulgue des bribes de vérité. La peau s’étend, des cavités se creusent, de chemins se tracent. Le paysage se dessine au fil du temps et des tumultes internes. La peau est marquée des mêmes sillons que l’agitation des profondeurs terrestres a fait apparaitre sur la surface de la Terre. Ces empreintes sont les témoignages des émotions et bouleversements qui circulent au contact de ces étendues épidermiques.
La technique de la cire permet de superposer les couches, à la manière des strates rocheuses, en fonction de la vibration sous-jacente qu’elle souhaite faire apparaitre. La cire brûlante et opaque coule sur le support jusqu’à se figer complètement. Cassandre viens ensuite sculpter, gratter la surface afin de révéler les cristaux antérieurement emprisonnés par la matière chaude. Un univers graphique se découvre peu à peu, et, à l’instar des minéraux dans les roches ou de bleus sur la peau, suggère un monde plus complexe en profondeur.