Fécondation extra-utérine est une série de photographies inspirées des premiers clichés médicaux de patients malades. L’artiste s’est plus spécifiquement intéressée aux mises en scènes des « hystériques » du neurologue Jean-Martin Charcot. La vie de ces femmes hypnotisées par l’homme de sciences était entièrement dédiée à l’avancée médicale, certaines en ont même acquis une notoriété enviable en tant qu’ «hystériques de Charcot », telle Blanche Wittman. Quand le médecin est adulé pour son intelligence, la femme est reconnue pour son aptitude à être manipulée. Le corps féminin photographié par Cassandre Lepicard se veut générique et l’attention se porte davantage sur l’aspect incongru causé par les excroissances qui pullulent sur la peau que sur l’identité de la personne photographiée. Des fragments de corps sont exposés, le visage n’apparaît pas, le corps est désexualisé de part son apparence repoussante. L’artiste se met en scène elle-même, sans dévoiler son visage, comme pour se réapproprier son corps, et plus généralement celui de la femme accaparé par la société. Les excroissances sont des œufs crus qui, une fois trempés dans du vinaigre, se détachent de leur coquille et gardent une fine membrane pour seul contenant. Ils font écho à la maladie, qui déforme le corps féminin et porte atteinte à une certaine plastique attendue par la société, mais aussi à la maternité, injonction naturelle qui colle à la peau des femmes encore aujourd’hui.